Chapitre 22

 

Le matin suivant, je me réveillai épuisée, même si j’avais dormi jusqu’aux environs de 11 heures. Lugh m’avait laissée tranquille après notre petite discussion et j’avais pu dormir mon content. Je payais toutefois la charge émotionnelle des heures passées. Tout en moi était lourd, depuis mes paupières jusqu’à mon cœur. Je me demandais combien de temps je pourrais encore supporter tout cela.

Je passai le reste de la matinée à souffler sur mon café. Après avoir bu plus de tasses que je voulais en compter, je me sentis fatiguée et agitée à la fois. Ce n’était pas un progrès.

Si j’attendais de me sentir bien pour appeler Raphael, je doutais être en mesure de le faire avant ma mort. J’engloutis un sandwich au beurre de cacahouète et à la gelée en espérant qu’il absorberait la caféine de mon organisme, puis j’appelai Andy.

Il fut froid et distant, encore en colère, mais il consulta son téléphone portable et me transmit le numéro depuis lequel Raphael avait appelé. Naturellement, je lui demandai s’il avait eu des nouvelles de son ancien démon depuis. Il me répondit que non mais je n’étais pas sûre de le croire. Peu importait, parce qu’il avait apparemment hâte de raccrocher et je ne tenais pas à lui faire subir un round de vingt questions.

La nourriture ne sembla pas atténuer mon agitation et je regrettai de ne pas avoir fait preuve de plus de retenue quand j’avais avalé tasse après tasse de café. Je composai le numéro qu’Andy m’avait donné. Bien sûr, je ne reconnus pas la voix qui répondit.

— Raphael ? demandai-je.

— Ah, Morgane, dit-il en me confirmant son identité. Quel plaisir de t’entendre. Ou bien suis-je en train de parler à Lugh, ce qui dans ce cas serait encore mieux ?

— C’est Morgane et j’ai quelques questions à te poser.

— Pourquoi ne suis-je pas surpris ?

— Comment der Jäger a-t-il fait pour posséder le docteur Neely ? Et qui est ton nouvel hôte ?

Raphael hésita. Je supposai qu’il réfléchissait à ce qu’il était en droit de me dire… ce qui correspondrait uniquement à ce qu’il pensait que je pouvais deviner par moi-même.

— J’ai fait l’erreur d’avouer à mes supposés coconspirateurs que j’allais te rencontrer en tant que docteur Neely, dit-il enfin. Les Pouvoirs à venir ont décrété que c’était l’occasion idéale pour que der Jäger brise tes défenses. Aussi j’ai dû me transférer dans un nouvel hôte afin que der Jäger s’empare de Neely.

Je frissonnai.

— Le docteur Neely était un être humain. Tu parles de lui comme s’il s’agissait d’un gadget inventé pour ton usage personnel. Et pour quelle fichue raison as-tu laissé der Jäger posséder Neely ? Est-ce que tu n’es pas au-dessus de ces foutus Pouvoirs à venir ?

— Si j’avais refusé, j’aurais dû expliquer pourquoi. Personne ne m’aurait cru si j’avais déclaré défendre les droits du pauvre docteur Neely. J’ai fait du mieux que j’ai pu étant donné les circonstances, à savoir appeler Andrew pour l’avertir dès que j’en ai eu l’occasion.

— Ouais, c’était vraiment gentil de ta part. C’était royal, même.

Je regrettai le choix de mes termes – parce que, bien sûr, il était de la famille royale.

Il soupira.

— On se demande pourquoi je m’enquiquine à vous aider, Lugh et toi, quand tout ce que je récolte pour les efforts fournis n’est que mépris et insultes. Je fais ce que je peux mais ce n’est jamais assez, c’est ça ?

— Chaque fois que je suis désolée pour toi, je me rappelle tous les actes odieux que tu as commis et ma pitié disparaît.

— Garce, dit-il en semblant plus résigné qu’en colère. Si j’avais un tant soit peu de raison, je renoncerais à toi et je te livrerais pour de bon à Dougal. Cela me rendrait certainement la vie plus facile.

— Pourquoi ne le fais-tu pas, alors ? demandai-je, sincèrement curieuse.

Il éclata de rire.

— C’est la question à un million de dollars, hein ? Si je trouve la réponse, je te le ferai savoir, mais là, je ne suis pas d’humeur à me creuser la tête. J’ai pensé que tu devais savoir que der Jäger n’est pas près de revenir t’ennuyer. Il avait reçu comme ordre de tuer Lugh et de passer inaperçu, et il a échoué sur les deux tableaux. Dougal l’a fait emprisonner et je crois que cette fois, il va jeter la clé. Un sujet d’inquiétude en moins, même si je suis sûr que Dougal va concocter un nouveau plan. Il est on ne peut plus créatif.

Ce qui aurait dû être en effet une bonne nouvelle provoquait également une salve d’interrogations.

— Comment diable sais-tu ça ? Il n’existe aucune communication directe entre le Royaume des démons et la Plaine des mortels.

Du moins, pas que je sache.

— C’est vrai, mais il existe beaucoup de moyens indirects de communication et quand tu es le frère du régent, tu as accès aux meilleures rumeurs. Tu reconnaîtras peut-être enfin que c’est une bonne chose d’avoir un homme infiltré, même si ce que je fais pour protéger ma couverture ne recueille pas ton approbation inconditionnelle.

Je décidai de réagir avec sagesse et ne relevai pas son commentaire.

— Il faut pourtant qu’on parle.

— Parlons alors.

Je secouai la tête, bien qu’il ne puisse me voir.

— Ce n’est pas une conversation qu’on peut avoir au téléphone. Est-ce que tu peux venir chez moi ?

— Je peux, mais je ne le ferai pas.

— Pardon ?

— Comment exactement suis-je supposé expliquer que je passe te rendre une petite visite ? Andrew n’habite plus chez toi et je ne suis plus le docteur Neely.

— Tu peux dire que tu viens pour me forcer à avouer quel est le nouvel hôte de Lugh. Ou qui l’a hébergé après moi.

Raphael gloussa.

— Alors je dois passer chez toi te torturer ? Ça me plairait assez.

— Ce ne serait pas la première fois, dis-je avant d’y avoir réfléchi.

J’espérai qu’il supposerait que j’évoquais l’incident au cours duquel j’avais failli être brûlée sur le bûcher. Pourtant, le silence assourdissant à l’autre bout de la ligne me confirma que je n’avais pas eu cette chance. J’écoutais les battements de mon cœur en essayant de trouver comment justifier mes propos, mais rien ne me vint à l’esprit. Je soupirai.

— On va discuter au téléphone, après tout, dis-je.

— Je constate que tu as fait quelques recherches.

Je n’aurais su dire au ton de sa voix ce qu’il en pensait. S’inquiétait-il de ce que je pouvais avoir appris ?

— Lugh m’a aidée à accéder à des souvenirs refoulés. Ton nom a été évoqué.

— Parfois j’aimerais sincèrement ne pas avoir de frères.

— Je suis certaine que c’est un sentiment qu’ils partagent avec toi.

— Je ne t’ai jamais torturée, Morgane. Il est probable que je ne peux pas concourir pour le prix de l’humaniste de l’année, mais je ne m’abaisserais pas à torturer une enfant. Je n’avais pas envisagé qu’une gamine de treize ans droguée puisse résister. Je n’ai découvert les méthodes de Cooper et de Neely qu’ensuite.

— Il vaut mieux ne pas savoir, c’est ça ?

— Pour ce que valent mes excuses, je suis désolé. Comme tu le sais, je n’ai aucun scrupule quand il s’agit d’un mal nécessaire, mais ce qu’ils t’ont fait n’était pas nécessaire. Tu n’avais pas à invoquer un démon toi-même pour les besoins de cette expérience.

Cela valait encore moins que rien.

— Regrettes-tu d’avoir essayé de faire posséder une enfant de force ? Ou bien chez vous, cela n’a rien à voir avec la torture ?

Il ne répondit pas et je m’en fichais. J’avais des questions plus importantes à lui poser.

— Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Qui était mon père ? Pourquoi était-ce si important que je sois possédée ?

— Cela n’a rien à voir avec le problème actuel. Je ne réponds pas à tes questions, que ce soit au téléphone ou de visu, alors tu devrais oublier tout ça et continuer ta vie.

— Oh non, tu ne vas pas t’en tirer aussi facilement.

— Bien sûr que si ! dit-il avant de me raccrocher au nez.

Je crois que personne ne m’a jamais autant raccroché au nez que Raphael. J’essayai de le rappeler sans être vraiment surprise qu’il ne réponde pas. Je pouvais toujours demander à Adam de localiser le numéro afin de trouver qui était l’hôte actuel de Raphael. À quoi cela servirait-il ? Je savais qu’il ne répondrait jamais à mes questions. Je doutais même que les méthodes les plus cruelles du démon Adam soient en mesure de le convaincre de parler.

Parmi ceux que je savais directement impliqués dans ce qui m’était arrivé dans cet hôpital, mes parents étaient portés disparus, le docteur Neely était mort, l’hôte du démon était un homme mystérieux et le resterait sans doute et Raphael refusait de parler. Ce qui laissait Bradley Cooper.

Avec un frisson, je dus reconnaître que mes méthodes gentilles et douces avaient échoué à nous livrer l’information dont nous avions besoin. Il était temps d’appeler la cavalerie, peu importait que mon âme se cabre à cette idée.

 

Je passai un long moment à ruminer. Je cherchais une alternative au fait d’interroger Cooper avec Adam. Mais aucune idée brillante ne me vint à l’esprit. J’envisageai de sortir pour me rendre au domicile de Cooper et l’interroger seule. J’allai même jusqu’à appeler un taxi pour m’y conduire. Puis je rappelai pour annuler la course. Si je parlais à Cooper et qu’il refusait de me dire quoi que ce soit, il pouvait disparaître avant que j’aie une chance de lâcher Adam sur lui. Après tout, j’avais vu à quelle vitesse la Société de l’esprit pouvait faire disparaître quelqu’un.

Résolue à passer à l’action, j’aurais aimé filer sur-le-champ chez Cooper pour en finir. Malheureusement, le démon Adam habitait en ce moment le corps de Dominic. Si j’étais honnête avec moi-même, je devais admettre qu’il y avait de terribles chances que Cooper ne survive pas à cet interrogatoire. Cependant, si Adam le laissait vivre, il ne valait mieux pas que Cooper sache que Dominic était possédé, même temporairement. Adam serait aussitôt considéré comme un démon illégal et ce ne serait vraiment… pas bon.

Je devais donc attendre mon heure et laisser à Adam la possibilité de guérir le corps de Dominic. Pour éviter de trop réfléchir, j’occupai mon après-midi à quelques-uns des tracas inhérents à la remise sur les rails de mon existence après l’incendie de ma maison et de tous mes biens matériels. Cela n’arrangea pas mon humeur mais au moins mon esprit ne pensa pas à la mort et à la torture.

J’avais ôté les bandes de mes doigts puisque Raphael m’avait dit que der Jäger se trouvait de nouveau en prison, mais la paranoïa me poussa à les remettre avant de sortir. Je croyais que Raphael me disait la vérité. Même Andy, qui le détestait le plus, avait déclaré que Raphael, malgré tous ses défauts, était loyal envers Lugh. Cependant je me sentirais vraiment stupide si der Jäger avait raconté à ses petits camarades tous les détails de mon interrogatoire avorté.

Un peu moins de vingt-quatre heures étaient passées depuis que Dominic avait été blessé quand Adam ouvrit la porte de la maison pour me laisser entrer. Au début, je n’étais pas certaine de quel Adam il s’agissait. Il me conduisit au salon où Dominic était allongé sur une chaise longue. Je n’avais jamais pensé être particulièrement observatrice en matière de langage corporel, pourtant il ne me fallut pas plus de quinze secondes pour constater que le démon Adam se trouvait toujours dans le corps de Dom. Quelque chose dans la manière de s’asseoir ou dans l’expression du visage…

— Comment va Dominic ? demandai-je.

Ce fut Adam qui répondit par la bouche de Dominic.

— Beaucoup mieux. Nous étions en train de discuter du moment où je devrais retourner dans le corps d’Adam.

Je dus réprimer un frisson. C’était vraiment trop bizarre d’entendre les paroles d’Adam sortir de la bouche de Dominic.

— Et qu’avez-vous décidé ?

Dominic m’adressa un des sourires d’Adam.

— Je crois que Dom est prêt à se débarrasser de moi. Il me dit que je suis un peu trop bon pour lui. (Il fronça les sourcils.) Je crois que c’est un compliment mais je n’en suis pas certain.

— Tu n’es pas le seul à le penser, marmonna son hôte en souriant malgré tout.

Dominic se reprit et rencontra le regard d’Adam.

— Tu es prêt à me reprendre ?

Adam fronça les sourcils et jeta un œil autour de lui comme s’il cherchait quelque chose. Puis il haussa les épaules.

— Je ne vois aucune raison de continuer à traîner dans le coin.

Il se tourna vers moi et me sourit, ne paraissant pas le moins perturbé par la perspective d’être une nouvelle fois le passager de son propre corps.

— C’était sympa de discuter avec toi, me dit-il en me tendant la main.

Ne sachant pas quoi faire, je lui serrai la main.

— Oh ouais, moi aussi j’ai trouvé ça sympa.

À dire vrai, malgré les différends qui m’opposaient à Adam, j’avais en quelque sorte envie qu’il réintègre son… corps original. Tout était vraiment trop étrange dans l’état.

Dominic se hissa de la chaise longue et vint se placer près d’Adam.

— Prêt ? demanda-t-il en tendant la main pour une raison tout à fait différente.

Adam me lâcha, hocha brièvement la tête puis serra la main de Dominic.

Je retins ma respiration pendant qu’ils se tenaient là, main dans la main, sans parler. J’étais inquiète, Adam avait peut-être tort, Dominic ne supporterait peut-être pas qu’un démon le quitte une seconde fois.

Jusqu’à ce que Dom crispe sa main libre en poing et en assène un coup à l’épaule d’Adam.

— Oh ! se plaignit Adam en lâchant la main de Dom pour se frotter l’épaule. Pourquoi tu as fait ça ?

— Parce que tu es un emmerdeur, dit Dom.

Il n’avait pas l’air si en colère que ça. Et c’était bien lui qui parlait et pas Adam le démon.

— Comment ça, je suis un emmerdeur ? Je crois que je me suis sacrément bien occupé de toi.

Dominic me regarda en faisant la grimace.

— Je finirai par lui pardonner mais j’ai dû subir vingt-quatre heures de remontrances comme quoi je n’aurais jamais dû me précipiter au rez-de-chaussée comme un abruti. Je le frapperais davantage si je ne savais à quel point il aime ça.

Je souris, un minuscule recoin de ma vie était redevenu normal.

— Tu aimerais entendre ma version des remontrances maintenant ?

Il grogna avec emphase avant de se boucher les oreilles et de se mettre à chantonner « La la la, je n’écoute pas ».

— Et c’est moi qui suis un emmerdeur, grommela Adam.

J’éloignai une des mains de Dominic de ses oreilles.

— Bienvenue parmi nous.

— Merci. Bon, puisqu’Adam était occupé à me faire la morale, je suppose qu’il n’a pas préparé à dîner. Allons dans la cuisine que je remédie à cet oubli.

Je ne pensais pas que ce que j’étais venue demander soit un bon sujet de discussion pour le repas. Je ne pensais pas non plus que j’allais vouloir manger ensuite, aussi tentante soit la cuisine de Dominic. Malheureusement, avec son éducation italienne, il serait mortellement vexé si je ne restais pas pour dîner.

— Ça t’ennuie si j’ai une petite discussion avec Adam avant qu’on te rejoigne ? demandai-je.

Ils échangèrent un regard que je ne sus interpréter.

— Bien sûr que non, répondit Dominic. Je profiterais d’un peu de temps libre pour bonne conduite.

Adam prit le visage de Dom entre les mains et je craignis que la situation vire au combat de lutte. Ou à la session de baise. Mais Dominic battit en retraite dans la cuisine en nous laissant seuls.

Adam me désigna le canapé où je m’installai à contrecœur. Mon moi civilisé était horrifié à l’avance de ce que je m’apprêtais à dire. Et à faire. Je m’humectai les lèvres en me demandant de quelle manière j’allais exprimer ce que je voulais sans le formuler explicitement.

— J’espère que tu ne joues pas au poker, me dit Adam.

J’ai toujours eu l’habitude d’afficher mes émotions aux yeux de tous, ce n’était pas près de changer.

— Il faut qu’on interroge Bradley Cooper, lâchai-je tout en sachant que nous comprenions tous les deux ce que « interroger » impliquait, dans ce contexte.

Adam acquiesça.

— Ça ne t’étonnera pas si je te rappelle que je t’avais prévenue ?

— Ouais, je sais, tu es un putain de génie.

J’expliquai à Adam ce que Lugh m’avait aidée à me rappeler mais chaque mot prononcé requérait un effort. Je lui racontai aussi que Raphael avait refusé de me révéler quoi que ce soit. Je conclus par un « Peut-être n’est-ce pas important… ».

— Tu n’y crois pas plus que moi, dit Adam. Si ce n’était pas important, Raphael se ficherait que Lugh soit au courant. Moi, je crois que c’est important au point qu’il pense que Lugh pourrait le punir, malgré toute l’aide qu’il nous apporte.

Cela me fit froncer les sourcils.

— Le punir de quelle manière ?

— Nous avons notre propre système de lois, répondit-il vaguement. En supposant qu’on puisse faire accéder Lugh au trône, ce dernier va se trouver en position d’exercer un certain nombre de ces lois.

— Qu’est-ce que c’est supposé vouloir dire ?

Il eut un sourire en coin.

— Cela veut dire « demande à Lugh ». Je n’ai pas à décider quels secrets d’État je peux te faire partager.

Je secouai la tête d’un air dégoûté.

— De la façon dont vous vous comportez, ce que vous avez pris au petit déj’ relève du foutu secret d’État !

— Demande à Lugh, répéta-t-il, pas du tout perturbé par ma réflexion.

Je ravalai un certain nombre de réponses et me forçai à changer de sujet pour revenir au sujet que je voulais éviter.

— Alors je suppose que c’est assez important pour que nous devions parler à Cooper.

— Ouais, répondit Adam, presque avec douceur. Ce ne sera peut-être pas aussi terrible que tu le croies. Tu le connais. Tu sais que c’est une fouine. Quand tu le confronteras à tes souvenirs, il peut très bien craquer et tout te raconter.

C’était joli comme fantasme.

— L’intimidation est également une technique d’interrogatoire très efficace, insista Adam. Une technique dans laquelle j’excelle, si je peux me permettre.

Je ne sais pourquoi il essayait d’apaiser ma conscience. Je lui adressai un sourire triste et lui tapotai l’épaule.

— J’apprécie tes efforts mais le mal est déjà fait. Même si nous n’avons pas besoin de poser un doigt sur lui, même si tout ce que j’ai à faire, c’est lui révéler ce que je sais déjà et qu’il déballe tout, je sais jusqu’où je suis capable d’aller et ce n’est pas un sentiment agréable.

— Quand cette idée commence à te miner, rappelle-toi juste ce qu’il t’a fait subir quand tu avais treize ans. Et demande-toi si tu es la seule enfant à qui il a fait du mal.

Je grimaçai. N’était-ce pas terriblement égocentrique de ma part de penser que j’avais été la seule ? Ou bien était-ce simplement de la naïveté ?

— Personne ne mérite qu’on le torture.

Ce à quoi Adam ne répondit pas.

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